Promouvoir et diffuser le Psychodrame

Sarah Serievic avec Fabrice Rosina

J’ai un parcours atypique. J’ai été une enfant mutique. Cependant, à l’intérieur de moi, il y avait une vie foisonnante. Le théâtre a été la façon d’exprimer cette vie, sans avoir à parler de moi.

Sarah, peux-tu nous dire ce que tu fais ? Ce dont on a besoin pour mieux te connaitre ?

J’ai un parcours atypique. J’ai été une enfant mutique. Cependant, à l’intérieur de moi, il y avait une vie foisonnante. Le théâtre a été la façon d’exprimer cette vie, sans avoir à parler de moi. J’ai fait ça pendant quinze ans, très sérieusement, puisque je suis sortie du conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. On est 1300 à se présenter. On en prend 30, 15 filles, 15 garçons. Cette chose extraordinaire m’est arrivée quand j’avais dix-sept ans. J’ai été reçue parmi les 30 et première à l’unanimité. Quelque chose de fulgurant. Tout de suite j’ai été embauchée dans un théâtre, au Palais Royal. La journée, je m’exerçais au conservatoire et le soir je jouais. J’ai beaucoup joué, sur de grandes scènes, et des auteurs que j’appréciais. Ce chemin a déjà été très important. En travaillant ces textes, je me suis questionnée sur notre humanité. Chaque personnage que j’ai incarné m’a invitée à me questionner. Particulièrement les textes de Pirandello. Je m’interrogeais beaucoup, de plus en plus. J’étais en quête de sens. 

Un livre est devenu pour moi un déclencheur d’action. Il s’intitule : Dialogues avec l’ange.  Gitta Mallasz ne l’a pas écrit, elle considère plutôt être juste le scribe de ce livre. L’action se déroule sous l’occupation allemande en Hongrie, le communisme, et trois femmes cherchent ce qu’est la vérité. – Mon père était d’origine hongroise. Il venait de Transylvanie, entre la Hongrie et la Roumanie comme la mère de Moreno, d’ailleurs. Ma mère était turque comme le père de Moreno. Moreno a été une figure importante pour moi. –  En quête de la vérité, l’une d’entre elles suggère d’écrire sur cette vérité. Le vendredi suivant, elles se retrouvent et Gitta commence à lire son texte et Anna, l’initiatrice de l’exercice, lui dit : « c’est intéressant mais beaucoup de personnes pourraient dire ça. Il faut qu’on aille plus loin. » Gitta a juste le temps de dire : « attention ce n’est plus moi qui parle » A travers elle, un ange vient leur enseigner pour les guider pendant l’occupation, ces trois femmes vont sauver des centaines de personnes. Cela m’a parlé très fortement. Je vivais avec ça. Un jour, j’en parle à mon prof de yoga qui me dit « je connais bien Michel Cazenave qui connait bien Gitta Mallasz, je peux trouver son téléphone et vous pourriez vous rencontrer. » J’ai appelé Gitta. A ce moment, je voulais passer à la mise en scène et particulièrement, mettre en scène Dialogues avec l’ange.  Je voulais que ce soit connu du monde entier. Qu’on comprenne qu’il y a une autre dimension. Gitta a rétorqué que c’était un dialogue intérieur, donc il n’était pas question de l’adapter pour la scène. On a parlé longtemps. Au bout d’un moment, elle m’a dit « j’aime beaucoup ta voix. Et je pense souvent aux non-voyants. Ils ont aussi droit à Dialogues avec l’ange. » Et c’est ainsi que nous avons enregistré une cassette des Dialogues avec l’ange. A ce moment, j’ai rencontré Gitta. Une rencontre forte foudroyante. Elle me disait régulièrement : « tu es faite pour transmettre la vie. » 

A ce moment-là, je jouais aux Champs-Elysées, une pièce de Pirandello.  Je suis à l’affiche, un beau rôle avec les grands noms du théâtre. Pourquoi veux-tu que j’arrête ? Je pense qu’on ne peut pas mieux transmettre un message qu’à travers un texte qui invite à la réflexion. Mais elle me répétait tout le temps : « tu es faite pour rayonner la vie. » Jusqu’au jour où elle me dit : « à partir de maintenant c’est un ordre. Trouve ton théâtre à toi. » J’en parle à ma psychanalyste, une femme exceptionnelle qui me parle d’Anne Ancelin Schützenberger. Et c’est comme ça que j’ai fait la formation au psychodrame.

Comment s’est passée ta formation ?

On n’y allait pas facilement car Anne était très sélective. Elle a créé l’école de Psychodrame en 1989 avec Armelle Thomas- Benesse. Je n’avais pas le profil pour accéder à cette formation, je pense que c’est Armelle qui a appuyé ma candidature. Armelle était une remarquable thérapeute, une référence dans le psychodrame, une femme d’une telle discrétion que l’on a peu parlé d’elle. C’est pourtant un exemple de sagesse, de patience et de bienveillance. Je garde d’elle le souvenir ému d’une femme à la fois puissante, douce et intègre. Je suis très reconnaissante pour son intelligence du cœur, son professionnalisme et sa force de travail. Sans elle, l’école de psychodrame n’aurait pas vu le jour.

Je me suis inscrite, avec la conscience que j’avais quelque chose à apprendre dans ce cadre. Mais il n’était pas question que je cesse le métier d’actrice de théâtre que j’aimais tant. J’étais motivée par l’idée d’aller plus loin dans mon travail personnel et sentir que je pouvais aussi me transformer par le biais du théâtre, dans un processus au long cours. 

Tu te retrouves dans une formation destinée à des thérapeutes ? 

Exactement. Mais il y avait aussi des éducateurs, infirmiers psy et même un médecin, nous étions 12 étudiants

Tu te destines à faire de la thérapie ?

Non pas du tout. J’y vais parce que je suis naturellement très curieuse. J’aime expérimenter. J’y suis allée pour apprendre et m’expérimenter dans un groupe. Mais surtout pas avec l’idée d’être thérapeute un jour. Ça ne me semblait pas être ma voie. Ma voie c’était actrice de théâtre. Ça faisait quinze ans que j’en vivais bien. Ça a été un sacré saut dans l’inconnu de quitter ce métier parce que je gagnais très bien ma vie comme actrice. Je n’avais pas du tout envie de perdre ça.

Tu ne pouvais pas faire les deux ?

Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il y a eu toute la formation qui durait quatre ans : le mémoire, les expériences dans les hôpitaux, obligatoires à l’époque. On avait un stage d’un an en hôpital pour repérer les pathologies. Finalement, cinq ans de formation. Et de plus en plus j’aimais ça. J’étais arrivée à un moment de ma carrière où je sentais bien que quelque chose n’allait pas. Je le savais. C’est pour ça que j’ai commencé mon travail thérapeutique. Je sortais de scène, je rentrais chez moi après les applaudissements et je sentais le vertige du vide. Je sentais bien qu’il était important de continuer à travailler sur moi. Et je constatais que cette formation me faisait du bien. Plus je me rencontrais, moins j’avais besoin de projecteurs sur moi. Le moment est arrivé où j’ai eu envie de retourner le projecteur sur les personnes. Pour les inviter elles aussi, à rencontrer leur propre lumière puisque je commençais à sentir la mienne. 

Qu’as-tu fait après la formation ?

J’étais encore un peu dans les deux. Je jouais de moins en moins. L’énergie fait que, quand vous n’êtes plus dans quelque chose, la vie répond. Je jouais moins mais je continuais. Gitta Mallasz me demandait des comptes : « alors ton théâtre ? » ça faisait son chemin. Comment ça s’est fait ? Là encore, la Vie ! Un jour, on me demande de donner des cours de théâtre pour de jeunes enfants de neuf ans, dans une école privée. Je sentais bien qu’en leur donnant des cours ce n’était pas vraiment du théâtre que je leur apprenais, mais à être eux-mêmes. C’était l’élan spontané que je sollicitais en eux. Mon objectif étant de leur apprendre à sentir leurs besoins et leurs élans profonds déjà recouverts par tant de conditionnements sociaux. Ils étaient coincés entre ce que je les invitais à vivre, la spontanéité de l’enfant, cet élan naturel, et ce qu’on leur disait : « Dis merci, dis bonjour. » « Tiens-toi droit » « on ne parle pas à table. » ça générait de la confusion en eux. Donc est arrivé le moment où je sentais  ça allait être pire après qu’avant, je me suis dit : « je vais arrêter ça. » 

Un jour, le père d’un enfant vient voir mon cours, et il me dit : «je veux que vous fassiez la même chose que ce que je viens de voir ici, pour des banquiers. » Il avait une boite de communication. Je ne me sentais pas capable de faire la même chose devant des banquiers dont l’univers m’était complétement étranger. Mais l’envie de tenter est plus grande que la peur. Je les invite juste à respirer, à prendre conscience de leur corps, ressentir les émotions, à être dans l’instant présent. Et  il se passe quelque chose de très fort. C’est si fort, que je forme 250 cadres au crédit agricole du Nord. Après, dans une boite d’outplacement, on me demande de faire du coaching individuel, pour des personnes licenciées de leur entreprise, dans l’objectif de les aider à retrouver un peu de confiance. Peu à peu, le contexte de l’entreprise ne me suffisait plus. Je trouvais qu’on n’allait pas assez loin. Il est hors de question dans l’entreprise de demander à une personne qui a peur du regard des autres, mais c’est qui ce regard qui t’effraie tant. On ne peut pas le faire dans le cadre de l’entreprise. Et moi, j’avais besoin de le faire. Et c’est ce qui a motivé la création de mon atelier, le Théâtre Authentique

Peux-tu décrire ta façon de faire du psychodrame ? Ce qu’il y a de spécifique ?

Ce qui est spécifique et essentiel dans mon Théâtre Authentique, c’est la dimension spirituelle. La conscience que nous ne sommes pas que matière mais aussi énergie. Notre corps est minuscule par rapport à notre vastitude . C’est prouvé scientifiquement. Cette dimension est fondamentale pour moi. Comprendre que nous ne sommes pas que nos souffrances. Réduire la souffrance à une dimension psychologique, sans prendre en compte la dimension spirituelle, c’est répondre à la moitié de nous-mêmes ou n’en soigner qu’une partie. 

Depuis un long moment déjà, la barbarie enténèbre ce monde, d’où l’importance de répandre la lumière. Comment on va la répandre dans mon atelier ? En sollicitant un état d’élévation de conscience qui va permettre de sortir du petit moi souffrant, pour aller toucher ce morceau d’éternité, cette parcelle indestructible en soi qui sait donner du sens à nos événements et qui sait les transformer pour faire de nos failles d’hier, les forces de demain. La rencontre avec cet essentiel participe au processus de guérison.  Stimuler cet inaltérable en soi pour nourrir le vivant de la vie, l’âme de la vie. La souffrance qui a besoin de réparation sera bien sûr écoutée, revisitée, consolée et prise au sérieux. Mais l’un n’existe pas sans l’autre. On va toucher cet au-delà de soi de plusieurs manières :  avec les archétypes, par exemple, Jésus, Marie, Moïse, Rûmî, Bouddha, un oiseau, un aigle, un être aimé qui a rejoint les étoiles. Tout ce qui favorise une connexion avec notre âme de lumière. Parallèlement, j’utilise la danse, le chant, les masques, l’improvisation, les méditations guidées. J’utilise également la musique, la beauté d’une musique sacrée, va induire une reliance entre nous, une conscience d’unité qui va bien au-delà de notre groupe. Car je suis convaincue que lorsque quelqu’un guérit dans un groupe, il participe à la guérison du monde. Porter consciemment cette responsabilité nous ramène à plus d’humanité. Ça parait complétement utopique, et pourtant, ce sont de toutes petites gouttes dans l’océan qui font l’océan. Et moi je veux participer à ces milliards de toutes petites gouttes qui contribuent à atténuer les forces destructrices en action. Tout en sachant que c’est toujours la vie qui l’emporte quelles que soient nos catastrophes. C’est ça l’état d’esprit de mon Théâtre Authentique. 

Tu t’es inspirée de choses qui existaient ? Comment as-tu construit ton Théâtre Authentique ?

D’abord, j’ai été gravement malade quand j’ai eu dix-sept ans. Je m’étais mise en grève d’affronter la vie. J’étais mutique jusqu’à la paralysie. Un jour un médecin est entré dans ma chambre en disant : « elle est foutue. » Là, j’ai senti la rage dans le ventre. Je me suis entendue penser, « toi tu me soignes et c’est moi qui guéris et on va voir qui va l’emporter. » Un jour, j’ai senti une goutte qui est tombée d’une perfusion, une minuscule goutte. Je parle beaucoup de gouttes. Dans la mer tout à l’heure. Là c’est une goutte dans le corps que j’ai sentie. Et la conscience s’est révélée à moi : si je la sens dans cette toute petite parcelle de mon corps, je peux faire parcourir la nouvelle dans tout mon corps. Et respiration après respiration, j’ai fait parvenir la nouvelle : « tu es vivante, tu es vivante. Et tu seras vivante et tu aimeras la vie. » Je me demandais : « qu’est-ce que tu pourras aimer dans cette vie ? » La réponse s’est imposée à moi :« le théâtre. » Parce que le théâtre, c’est l’endroit idéal, plus tu es exposé à la lumière des projecteurs plus tu es dans l’ombre de toi-même, c’est la planque idéale. Tu peux vivre tes émotions sans avoir à parler de toi. Et c’est comme ça que j’ai pu vivre, sans jamais avoir à parler de moi jusqu’au moment de ce vide qui m’a mise face à la nécessité d’un sérieux rendez-vous avec moi à travers une analyse. 

L’avis médical te condamne à rester comme tu es ?

C’est ça. Moi non. La vie en moi, non. Quand les gens entraient dans ma chambre, j’ai appris à sentir les vibrations. Ils passaient à peine le seuil de ma chambre que je savais s’ils allaient bien ou pas bien. Mes antennes ont commencé à se développer dans ce contexte-là. J’ai commencé à comprendre que je ne suis pas que mon corps. Quand on médite, on sait bien que notre corps ne s’arrête pas à la peau. 

L’intuition a été mon moteur. Et puis, j’ai rencontré Guy Corneau. On a animé des stages ensemble. Comme j’ai évolué dans un milieu spirituel, j’ai rencontré des messagers qui ont donné une autre direction à ma vie. Guy Corneau en est un, il m’a énormément inspirée. Avant tout, je dois mon Théâtre Authentique à Anne Ancelin Schützenberger. J’ai pour elle une gratitude immense. Néanmoins, elle avait une personnalité si forte et un tel génie qu’il était difficile d’oser se lancer après elle. C’est Guy Corneau qui m’a permis de sentir que j’avais les capacités pour oser. Il a été un révélateur, nous avons animé ensemble un stage en Bretagne. Il m’a proposé de m’associer à un collectif qu’il a créé, ça s’appelait cœur.com. Il y avait des thérapeutes et des artistes qui animaient ensemble. Je me suis dit que s’il me proposait ces interventions, j’en étais donc capable. Cette collaboration m’a donné l’impulsion décisive pour créer mon atelier. 

Sur un plan spirituel, j’ai eu la chance d’avoir deux rencontres extraordinaires, l’une avec Gitta Mallasz, et l’autre avec Christiane Singer. Une immense écrivaine et un grand esprit de notre siècle. Elle a été une amie, une rencontre fondamentale sur mon chemin. … on parle des coups de foudre amoureux. Il y a aussi les coups de foudre amicaux. On a donné une conférence ensemble sur le thème de la passion à l’occasion d’un symposium sur l’amour.  Elle m’a poussée à aller plus loin, encore, et encore, notamment dans l’écriture. Elle me poussait à écrire et à prendre soin de mes livres. Elle me disait : « mais tu ne sais pas comment t’en occuper comme on s’occupe d’un enfant. Tu ne sais pas te promouvoir suffisamment. Il faut aller plus loin. Ta parole a besoin d’être entendue. » J’entendais des choses comme ça de la part de personnes qui étaient des références. Ces rencontres-là ont été déterminantes pour la suite de mon parcours. Sans oublier la psychanalyste qui m’a analysée pendant des années, Francoise Rodet. Elle m’a beaucoup encouragé. Une analyste junguienne. Les écrits de Jung ont été source de réflexion et d’inspiration, Le livre rouge. Les mandalas. 

Tu as des atelier avec des thèmes particuliers ? Utilises-tu les techniques moréniennes classiques aussi ?

Oui bien sûr, des techniques de base comme le renversement de rôles, le double, l’aparté, le surplus de réalité. Ce sont des groupes de douze personnes. Il y a des stages en week-end, l’Audace d’exister, dans lequel on travaille les blessures affectives, les secrets de famille, le transgénérationnel, les deuils inachevés, toutes formes de traumatismes. J’ai un autre stage qui s’appelle le choix d’aimer, en résidentiel sur une semaine, dans un lieu magique. C’est important pour moi d’être dans des lieux bien connectés à la nature. Nous ne sommes pas que les enfants de nos parents, nous sommes aussi les enfants du ciel et de la terre, qui nous ont enfantés. Sentir la terre, les arbres : une autre façon de nous relier à notre nature profonde. Un autre stage qui s’appelle Rompre avec nos rôles. C’est le travail avec des masques. Et je suis en train de créer un nouveau stage que je vais animer au mois d’aout, Oser la liberté.  

Qui vient dans tes stages ?

De 18 à 78 ans, toutes sortes de milieux, c’est ce qui est passionnant. Personne ne sait qui fait quoi. Et l’osmose se crée. Dès lors que l’on parle dans la profondeur de l’être, la rencontre a lieu. Ils ne se connaissent pas au début. Je ne pose jamais la question de savoir ce qu’ils font. Je leur demande : « Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous venez chercher ? Qu’est-ce qui vous a amené à venir ici ? » Ce qu’ils font ne m’intéresse que très peu. 

Avec ton expérience, qu’aimerais-tu dire à des gens qui se forment au psychodrame ?

Dans mon Théâtre Authentique, on se déchausse. Le tapis est un espace sacré. On entre sans chaussure dans un espace sacré  C’est très symbolique. Comme entrer nu dans l’innocence de l’être, pour plonger dans un espace d’accouchement de soi-même. 

J’ai envie de dire à ces personnes qui se forment : « vous avez été formées dans les meilleures conditions avec des bonnes techniques du psychodrame ; vous avez acquis des bases solides Maintenant vous pouvez vous déchausser, c’est-à-dire enlever la forme à travers laquelle vous avez appris à marcher, pour désormais apprendre à voler, c’est-à-dire aller au-delà du connu, jusqu’à rencontrer la dimension la plus élevée de vous, celle qui marque votre empreinte, la vôtre. N’ayez pas peur de vous situer au-delà de la mêlée. N’ayez pas peur d’être vous . Faites confiance à qui vous êtes pour créer votre façon unique d’exercer. Suivez votre cœur. Ayez foi en votre propre message. Parce que chacun sur cette Terre est venu transmettre un message unique. Croyez en vous. 

As-tu des rêves et des projets associés au psychodrame ?

Je me laisse toujours porter par ce que la vie rêve pour moi. Je suis très à l’écoute. Je suis actuellement à l’écriture de mon 4ème livre. Le premier s’intitule Passage à l’acte de vie, le deuxième s’appelle Rompre avec nos rôles, le troisième Aimer sans masque. Il est sorti un mois avant le Covid. Je n’avais pas imaginé que l’on aurait un jour « le devoir » de porter des masques, et lorsqu’il a été édité en poche, mon éditeur a souhaité changer le titre parce que l’on croyait que je parlais de la pandémie, il a donc été publié sous le titre L’amour, le rôle de notre vie. Et du coup on croit que j’ai déjà écrit quatre livres,  mais non, à ce jour il n’y en a que trois !

C’est un joli coup d’édition.

Quand j’ai écrit Rompre avec nos rôles, je me suis dit : « maintenant il me faut un château. Il faut que je trouve un château. Et que j’invente un grand bal masqué dans un château pour créer un stage Rompre avec nos rôles. Quinze jours après, j’anime un stage de week-end à Paris. Un participant qui était déjà venu plusieurs fois dans mon atelier vient dans ce stage et me dit : « Sarah, j’ai fait un stage de chant la semaine dernière dans un château, et je ne sais pas pourquoi mais j’ai pensé à toi tout le temps. Je te voyais dévaler l’escalier de ce château. Comme si tu connaissais ce château. Est-ce que tu connais le château de Goutelas ? » Et voilà comment j’ai trouvé mon château. Je me laisse guider par ce que la vie attend de moi. Je reste en ouverture dans la conscience que quelque chose est en train de m’appeler mais je ne sais pas encore dire quoi. J’ai un désir expérimental de faire des choses avec des groupes plus grands pour que la lumière se contamine encore davantage, à un niveau plus grand. Il faut contaminer les consciences. J’ai envie d’inventer une autre forme, je ne sais pas encore laquelle. Le message est lancé dans l’univers, et comme pour le château, je vais me laisser guider par ce qui s’imposera à moi.

Que veux-tu dire pour conclure cet échange ?

Ce qui me fascine, c’est que derrière toute souffrance, derrière les choses les plus terribles, les plus sordides, épouvantables que l’on entend dans nos stages, et dans nos cabinets, tu le sais comme moi, c’est toujours l’amour qui nous cherche. Et quand je parle de l’amour, ça n’a rien de romantique. Cet amour c’est la substance même de notre être. Ce qui vibre nous, au-delà de nous, ce qui nous tient debout que l’on en ait conscience ou non. C’est ça que j’appelle l’amour. Cette force, cette substance, de laquelle nous sommes nés. Nous sommes nés pour l’amour, avec tous les détours que l’on connait. Je sais que ces paroles pourraient paraître ridicules, encore plus de nos jours. Lorsque je les prononce, deux voix se juxtaposent en moi, l’une me dit: « mais comment tu peux oser dire ça par les temps qui courent ? » Mais c’est l’autre voix qui l’emporte, celle qui dit « Justement, il y a urgence maintenant. Il faut le crier encore plus fort ». Il faut contaminer les consciences !  Et c’est très beau, car à l’instant où je te parle, je vois sur le coté de ton visage, toute une lumière. Un rayon de soleil est en train d’illuminer ton visage. 

La lumière dont tu parles est en train d’entrer chez moi. (Un rayon de soleil vient d’entrer par la fenêtre de mon cabinet)

De te contaminer. 

Tu fais entrer la lumière chez moi. Merci de ce cadeau. 

Je suis heureuse, touchée et honorée. Je suis prête à faire une session expérimentale à l’EFP si tu le souhaites.